LE RITUEL

A.L.G.D.G.A.D.L.U.

LE RITUEL

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A la Gloire du Grand Architecte de l’Univers,
Vénérable Maître et vous tous mes Frères, en vos degrés et qualités.
Que signifie le mot rituel ?
Tout d'abord c'est un document présenté comme immuable, prescrivant le déroulement
d'une cérémonie, ainsi le Rituel Romain de l'église catholique.
C'est également le nom du déroulement d'une cérémonie. Le rituel du baptême chez les
chrétiens ou le rituel du consolamentum des cathares.
Un rituel c'est la pratique répétitive des gestes, des mots, des signes selon la tradition.
Il ne faut pas confondre rituel et rite. Ces mots sont souvent confondus et employés de
façon erronée.
Le mot rituel est d'abord un adjectif « ce qui correspond à un rite ».
Pris comme un nom c'est la règle codifiée, écrite que s'est donnée un groupe et la
manière dont se déroulent les cérémonies au sein d'un tel groupe.
Le rite c'est à la fois l'organisation, au sens du rassemblement d'individus et les choix d'un
groupe mais c'est aussi la pratique périodique et ordonnée de cérémonies au sein d'une
religion ou d'une société.
Le rituel pris dans le sens de la pratique d'une cérémonie est une constante du
comportement humain et peut être même de la vie pensante. Ce peut être une conduite
solitaire mais le plus souvent collective.
Même dans une société désacralisée comme nous la vivons aujourd'hui dans le monde
profane, le besoin du rituel paraît une nécessite consciente ou inconsciente pour les
femmes et les hommes que nous côtoyons.
On observe des rituels chez les insectes, les oiseaux , les reptiles et les mammifères.
Certains ici parlerons de conduites instinctives d'autres de rituels. Les plus récentes
études du comportement animal montre une pensée non humaine et des conduites
ritualisées chez les animaux.
Au delà de ces conduites profanes et observons que les hommes ont, depuis toujours,
accompagné leur sentiment du sacré de la pratique de rituels.
La Franc-Maçonnerie est universelle, le rituel aussi. Il est passionnant de constater qu'un
modèle archétype semble régir tous les rituels. La même intelligence les aurait elle
conçu?
Mircea Eliades dans initiation,rites,sociétés secrètes, nous montre ces constantes dans
les rituels d'Australie comme d'Asie, aux Indes comme en Amérique précolombienne,
chez les Bouriates de Sibérie comme chez les germains ou les scandinaves, au japon
comme en Afrique.
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Il montre la constante similitude entre les rites de puberté et les rites initiatiques. En fait
les rites de passage. Passage de l'enfant à l'adulte, passage du profane à l'initié, qu'il
devienne chamane, prêtre ou maçon.
Ce processus universel du rituel initiatique, rites de puberté, rites d'initiation à un nouveau
statut magique ou religieux ou encore rites d'entrée dans une société sacrée, est
curieusement semblable :
- la séparation d'avec le monde profane,
- l'isolement et le temps de méditation dans la hutte, la caverne, le tombeau, ou la
matrice,
- le passage par la porte étroite, basse, la naissance à travers le vagin de la Terre
Mère, prélude à la renaissance,
- le parcours initiatique, présentant les dangers et peurs à vaincre, même
symboliques, la renaissance proprement dite, la régression à l'enfance.
Le nouvel initié n'est il pas un enfant qui va apprendre ?
Un enfant qui est né deux fois.
Notre cérémonie de réception est une manifestation fidèle de ce schéma.
On retrouve également un autre archétype à travers les diverses cultures et l'histoire pour
le rituel du cérémonial, là aussi :
C'est d’abord un territoire, un lieu, un espace sacré ou du moins sacralisé.
C’est également un moment, un déroulement temporel, une procédure, une réunion dans
cet espace-temps, des spectateurs et des participants, des officiants et des acteurs .
C'est aussi une symbolique sonore, visuelle et physique qui lie l’ensemble.
C'est en ce sens que l'on pourrait parler de religion au sens de « religere » qui signifie ce
qui lie, réunit les participants. Malgré le sens moderne du mot religion, qui a une
connotation théiste, la religion est seulement ce qui réunit, le sacré (sacré-seccare) ce qui
sépare du monde profane et élève et transcende l'âme.
Tout rituel présente les étapes suivantes :
- la cérémonie de mise en place (La préparation des objets et éléments du rituel),
- la cérémonie ou incantation d'ouverture,
- la cérémonie proprement dite,
- la cérémonie ou incantation de clôture,
- la cérémonie de retrait des objets ou des éléments prédominants.
Dans notre Ordre nous rencontrons plusieurs rites qui ont chacun leur rituel spécifique.
“Point 5 de la Règle en XII points - La Franc-Maçonnerie impose à tous ses membres la
pratique exacte et scrupuleuse des rituels et du symbolisme, moyens d’accès à la
connaissance par les voies spirituelles et initiatiques qui lui sont propres.”
Ainsi au REAA nous avons reçu lors de notre réception notre rituel du premier degré
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destiné à nous enseigner et nous ouvrir à notre démarche maçonnique. Ce document, qui
devrait être immuable, est le vade mecum de notre voyage maçonnique.
En 1973 une commission avait été formée pour étudier et donner au rituel de notre ordre
toute la rigueur d’une oeuvre solide et définitive excluant toute remise en question.
La commission de 1973 mettait en garde contre les frères les mieux intentionnés dans
leur désir d’innover et de moderniser à tout prix.
En 2003 la Grande Loge Nationale Française réédite un nouveau rituel, mais concède que
l’on pourra toujours utiliser le Rituel dit de 1802 dans les loges qui ont été consacrées en
adoptant ce Rituel, cependant ces mêmes loges pouvant adopter le Rituel de 2003. (Extrait
des page II et III des remarques préliminaires du rituel du premier degré, REAA, de la GLNF)
Il est du devoir de nos maîtres de nous transmettre intacts les écrits fondateurs.
Comment être certain de transmettre une tradition vivante, de transmettre sans trahir son
vis-à-vis ? Le meilleur moyen n'est-il pas de transmettre fidèlement ce qu'on a reçu, en
s'interdisant toute modification, toute invention, ce qui exige de grands efforts de
compréhension et demande humilité et respect. (Irène MAINGUY La Symbolique maçonnique du
troisième millénaire P.55)
La Franc-Maçonnerie n'a pas de dogme, cependant elle est le fruit d'une tradition, traditio
l'action de tradere qui veut dire transmettre comme le substantif traditore qui signifie à la
fois celui qui transmet qui enseigne mais aussi celui qui trahi.
Elle nous présente un ensemble d'outils et d'espace symboliques pour nous permettre de
descendre au fond de nous même, nous corriger et trouver ce que nous sommes.
Visita interiora Terrae, Rectificandoque invenies Occultum Lapidem
En visitant l'intérieur de la Terre, trouve et transforme la pierre cachée,
Descends au plus profond de toi-même et trouve ton élément primordial que tu devra
corriger, modifier, modeler, pour te transformer et devenir meilleur.
C'est toute la symbolique de l'isolement du profane dans le cabinet de réflexion, de son
passage par la porte basse, des voyages par l'air, l'eau et le feu.
C'est le cheminement du profane qui demande à être reçu maçon, le récipiendaire qui
devient néophyte, la nouvelle plante mais également celui qui est rené, l'apprenti âgé de
trois ans.
Après que le Temple ait été préparé, mis en place, par les apprentis sous le regard des
compagnons et des maîtres, les frères rassemblés sur le parvis sont introduits
cérémonieusement par le Maître de Cérémonie.
Le Vénérable Maitre procède alors à l'ouverture de la cérémonie, l'ouverture des travaux,
cela est un processus destiné à quitter le monde et le temps profane pour entrer dans un
espace et un temps sacré, le tracé du tableau de loge, l'éclairage des lumières,
l'affirmation du temps sacré qui s'ouvre à midi plein et jusqu'à minuit plein sont autant de
gestes symboliques et ritualisés qui nous transporte du monde profane dans le monde
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sacré de la tenue.
Le rituel se déroulant en présence des symboles éveilleurs de notre Ordre. «... moyens
d’accès à la connaissance par les voies spirituelles et initiatiques propres à la Franc-
Maçonnerie.»
La tenue des travaux s'inscrit tout à fait dans la démarche rituelle.
Ouvrir les Travaux, n'est ce pas déjà, se préparer à s'ouvrir nous même,à notre propre
quête mais aussi aux regards de nos frères ?
« Prenez place mes Frères » cette exhortation ne demande pas seulement de prendre
une place physique sur les bancs du temple mais de se replacer au plus profond de soi
même, se recentrer, se préparer à être à sa place, se mettre en place, pour participer aux
travaux.
Il y a au moins deux aspects à une tenue, un aspect formel, administratif et statutaire et un
aspect spirituel et sacré.
Une cérémonie inspirée mêle ces deux aspects dans le creuset. La lecture de la planche
tracée par le secrétaire n'a pas qu'une fonction administrative, elle unit la tenue aux
tenues précédentes,c'est là aussi une chaine spirituelle qui réunit les maçons du passé à
ceux unis d'aujourd'hui.
Chaque tenue est identique, puisque le rituel règle chaque instant, chaque geste, chaque
parole et pourtant chaque tenue est une attente et un renouvellement.
L'apprenti attentif, assis les jambes en équerre; le corps d'aplomb, essaye par son attitude
physique de ressentir dans son âme la même attitude morale par équerre, niveau et
perpendiculaire.
Chaque tenue est un nouveau travail sur nous-même, un dépouillement de nos habitudes.
Ce travail sur nous même qui a commencé dans le cabinet de réflexion et se poursuit de
tenues en agapes, de lectures en méditations, se développe et se renforce pendant la
tenue.
Silencieux sur sa colonne, l'apprenti attentif est un acteur de la tenue. Il doit suivre
chaque geste, chaque déambulation, prononcer en lui même chaque mot, se mettant ainsi
en harmonie avec tous ses frères et c'est quand tous les frères sont eux mêmes attentifs
et unis que nait ce que l'on appelle l'égrégore, cette entité formé de l'ensemble des
vibrations, émotions, sentiments convergents des frères assemblés.
A la fin des travaux, en se joignant à la chaine d'union, le maçon ressentira cette
communion des âmes et c'est souvent avec un sentiment de regret que l'on quitte la
chaîne.
La fermeture des travaux nous fera quitter temps et espace sacré pour retourner dans les
ténèbres du monde profane.
Participer à la mise en ordre de l'atelier, empli du rituel, fait encore partie du travail
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maçonnique, et nous aide à nous dépouiller de nos aspérités.
L'agape est la continuation des travaux et si elle peut apparaître comme un délassement
après ceux-ci, elle ne s'en déroule pas moins conformément au rituel : les santés, les
interrogations, les commentaires, nos attitudes, nos tenues vestimentaires, la santé du
couvreur, tout est ritualisé et respecte le rituel.
Le rituel informel et celui écrit règlent ainsi chaque instant de la vie maçonnique. Il nous
pénètre, et nous le revivons même après la tenue et l'agape, lorsque sur le chemin du
retour vers nos foyers nous ressentons encore le sacré qui nous habite.
Peut-il nous imprégner encore dans notre vie profane ?
Oui ! C'est en repensant à la tenue. C'est se rappelant les mots du rituel que l'on peut
dans sa vie profane tenter de fuir le vice, pratiquer la vertu, vaincre ses passions et faire
de nouveaux progrès dans la Maçonnerie,
C'est cela vivre sa Maçonnerie dans le monde profane.
Le rituel n'est pas que le document de circonstance remis à l'apprenti maçon le jour de
son Initiation, il est surtout le souffle qui imprègne notre esprit de nos traditions, initiant
l'enchainement des gestes et des attitudes traditionnelles. Le vivre c'est le zèle que doit
montrer l'apprenti en marchand vers Celui qui nous éclaire.
J'ai dit